Être parent est un travail pour lequel, il n’y a pas de diplôme, pas de formation et pas de mode d’emploi, sinon cela serait trop facile !
Être parent : un joli challenge
Jusqu’à la fin du 20ième siècle, l’éducation laissait peu de place à l’enfant. On lui demandait simplement d’obéir, de se soumettre, de se taire. On parlait de dressage. On sait maintenant que cela ne fait pas du bien d’être élevé ainsi, ni à l’estime de soi, ni à la confiance à soi. Il y a des courants de parentalité positive/ d’éducation positive qui sont apparus et qui ont pris du terrain.
Par contre passer d’une éducation de la violence à une éducation radicalement sans violence. Cela peut paraître un peu illusoire parce que cela voudrait dire que l’on aurait réglé toutes les violences en nous, d’agressivité, d’agacements…Et l’on sait bien qu’ en tant que parent, on va être parfois soumis à rude épreuve : manque de sommeil, donc fatigué, moins de patience…
Donc entre l’idéal d’une éducation totalement positive et la réalité de cette éducation positive, il va falloir prendre conscience d’un certains nombre de choses. C’est à dire où j’en suis moi en tant qu’adulte de ce côté doux et calme ? Reste-t-il des blessures d’enfance qui ne sont pas réglés ?
Comment vais-je faire si mon enfant me résiste à la phase du « non » ?
Il y a des questionnements et des problématiques que l’on doit se poser en tant que parent. Peut-être avant d’avoir des enfants, mais en tout cas en ayant des enfants. Et la première des questions à se poser est peut-être : « pourquoi souhaite-t-on devenir parent ? ».
Il est intéressant de se poser la question : « Est-ce que c’est dans l’ordre naturel des choses ? Je dois impérativement avoir des enfants car d’autres avant moi en on eu…
Est-ce que j’ai envie de transmettre ? Ou ai-je l’idée d’une envie de continuité ? Quand je serai plus là, je vais continuer à vivre car j’ai fait des enfants.
Est ce que c’est un besoin vital ? Ou une envie de mon conjoint ? »
L’ensemble de ces questions sont utiles car l’on va avoir une responsabilité parentale ce qui signifie que l’on s’engage. On ne s’engage pas juste en notre nom, ni au nom de cet enfant mais plutôt au nom de la société. On va s’engager d’élever au mieux, d’éduquer au mieux ce petit d’homme qui va arriver qui est le nôtre, sans être le nôtre. Cette responsabilité là, nous engage pour un moment puisque l’on va accompagner toutes les étapes de développement de cet enfant.
Face à cette responsabilité certains parents peuvent être déroutés. S’ils ne prennent pas en compte qu’il y a cette responsabilité là et s’ils pensent que l’amour fera tout et bien ils vont avoir de grosses désillusions car heureusement ou malheureusement, l’amour ne fait pas tout !
Il va falloir doser, toute la partie affective, l’amour que l’on ressent pour notre enfant et tout ce que l’on doit faire en tant que responsabilité parentale et du coup cela fait faire un cocktail d’étonnant du côté de nos émotions car cela va venir nous chercher sur un terrain que l’on n’a pas forcément prévu de travailler.
Par ailleurs, on va être à un moment donné sous le regard social. Ce dernier ne va pas forcément être bienveillant. Être parent, c’est vraiment réajuster. Il y a le parent « idéal ». On va se dire, j’ai eu tel type de parent et je ne veux absolument pas reproduire ou inversement. Seulement, on oublie quelque chose, l’enfant que l’on va avoir ou que l’on a ce n’est jamais le même. Ce n’est pas celui que l’on a été dans un autre contexte.
Donc, tout est toujours a réinventer, même si en tant que parent, on va acquérir des compétences notamment à partir du 2ième enfant (compétences logistiques, faire une purée, doser le biberon, déplier le lit parapluie…). Ce n’est pas cette partie qui va être dérangeante, c’est celle où l’on va devoir se trouver en tant que parent, trouver le bon dosage.
Donc, dans l’éducation positive, dites parentalité positive cela doit être un objectif à long terme. De dire sur le long terme, je souhaite que la relation soit la meilleure possible. Mais sur ce terrain là, quand lorsque l’on dit: éducation positive cela ne veut pas dire que cela va toujours être chouette. Cela veut dire qu’il y aura des moments où il y aura des conflits, il y aura des moments où l’on va devoir se positionner et frustrer notre enfant.
Certains pensent que l’éducation positive c’est de faire de la place que pour l’enfant. Dire oui à tout, être toujours entrain d’expliquer. En fait ce n’est pas ça ! C’est l’accompagner de manière bienveillante et être vraiment à l’écoute et dans l’observation.
On a maintenant, un autre courant qui dit : « l’éducation positive, c’est n’importe quoi, personne ne l’a compris. Donc il faut être ferme, il faut revenir à de l’autorité parentale, il faut serrer la vis ».
Donc des deux côté cela est excessif ! Il est intéressant d’ arriver à trouver un juste équilibre, une éducation équilibrée où chacun est à sa juste place.
Dans une éducation équilibrée, il y a une hiérarchie du pouvoir. C’est à dire qu’un enfant de 10 ans n’a pas la même responsabilité que son parent de 32 ans. On est pas au même niveau. A ce titre là, il est illusoire de faire croire aux enfants qu’ils vont avoir voix au chapitre sur certaines décisions puisque cela n’est pas vrai. Il ya des petites décisions pour savoir si l’on va manger des spaghettis ou des coquillettes. On va faire un vote à main levé. Mais il y a des gros sujets sur lesquelles on va pas leur demander leur avis. Et certains parent on du mal à assumer cela, ils vont se penser « mauvais parents » parce que leur enfant va leur dire : « vous êtes nul, les parents de N. sont mieux, je vous déteste… ». Ils vont sortir « l’artillerie lourde ».
Mais lorsque l’on reste axé en se disant que cela fait partie du job de parent et que cela n’est pas la partie que l’on préfère. Alors, on est plus tranquille à l’intérieur. Il n’y a pas quelque chose qui va faire que l’on va avoir peur où se méfier de l’enfant parce que dans les nouveaux courants que l’on entend actuellement, on parle du petit pervers narcissique à la Freud qui sous entend que l’enfant est là pour tester nos limites. Alors que l’enfant, il arrive et fait ce qu’il peut. La seule chose qui l’intéresse c’est d’être aimé de ses parents et puis par moment, il a envie de satisfaire des pulsions de plaisir qu’il a en lui.
Culpabilité et responsabilité
Au départ, il y a le parent « idéal » que l’on s’est imaginé, le parent des bouquins et puis il y a ce qui est possible au quotidien en fonction du contexte. Peut-être que l’on est fatigué, on est dans une situation douloureuse, on a des préoccupations… Et on va devoir à chaque fois naviguer avec cela. Et surtout sentir que la boussole, c’est nous! Le phare, c’est nous! En tant que parent, on va devoir montrer la vision, la direction. On va embarquer nos enfants avec nous avec des moments joyeux et doux « un parent joyeux, enfant heureux ».
En effet, quand on amène de la joie dans notre quotidien ça aide à mettre de la légèreté c’est à dire voir le côté joyeux de la vie mais malgré tout accepter cette responsabilité parentale qui fait que l’on va forcément avoir des moments de conflits, des moments de découragements en tant que parent et c’est ok.
Cela va forcément ramener aux attentes que l’on s’était fixé en tant que parent. Quel parent je veux être ou ne pas être? Si l’on s’est fixé des objectifs, on va avoir du mal à l’accepter.
Cela peut amener des émotions autour du découragement, de la déception. Si j’assume pas l’enfant qui est là. Pas celui dont j’avais rêvé, cela peut amener une certaine forme d’agacement, de rejet car il n’est pas celui que je voudrais qu’il soit. Je vais vouloir le changer, « tu devrais être comme si » ; «arrête de faire ça ». On est dans essayer d’ajuster l’enfant que l’on aimerait avoir. Cela crée beaucoup d’insatisfaction. Le réel du rôle de parent devient pénible car il y a quelque chose chez nous qui n’est pas de l’ordre de l’acceptation quel que soit la situation (troubles du comportement chez l’enfant ; l’enfant n’a pas le comportement que l’on souhaiterait qu’il ait…). Toutes ces déceptions, si on ne va pas les travailler en se demandant : « qui j’attendais exactement ? » ; « qu’est-ce qui m’est si douloureux dans cette relation là ? ». Si on va pas le travailler pour soi, cela risque d’être difficile car on va emmagasiner, de la rancœur, de l’agacement et émotionnellement cela va partir en « cacahuète » au bout d’un moment. Cela va entraîner de la culpabilité…
BIENVEILLANCE ET BIENTRAITANCE
La mise en place d’un cercle vicieux, où l’on va cumuler et ou quelque chose ne va pas bien s’installer. On est dans le pointé dans tout ce qui dysfonctionne, râler et lui en vouloir là ou on devrait plutôt écouter sa déception, écouter ce qui est dérangeant pour nous. Peut-être la sensation d’être impuissant quand on arrive pas à ce que l’on veut…
Et du coup cela donne de la culpabilité car dans les questions d’éducation positive, il y a le mot bienveillance que l’on utilise beaucoup. Et pour être honnête avec soi-même en tant que parent, on devrait plutôt parler de bientraitance plutôt que de bienveillance car l’on est tout sauf bienveillant. On est même pas sympa du tout. On va en vouloir à notre enfant, on va lui mettre des bâtons dans les roues « ah tu voulais ça ! Eh bien, tu ne l’auras pas ». On va retomber, on va se remettre au niveau de notre enfant. Et pourtant cela serait tellement facile que chacun reprenne sa place parce qu’il y a quelque chose qui ne va pas. L’enfant est à son niveau d’enfant, avec son développement d’enfant. Et l’adulte est avec son développement d’adulte, son expèrience d’adulte. Il n’y a donc aucune compétition. L’adulte est plus mature. Même si le plus petit dit: « si, je sais faire ». On pourrait avoir plus d’indulgence envers l’enfant, de le laisser se développer à son rythme. Plus d’indulgence pour les enfants qui ne savent pas tout à fait faire les choses comme il faut de suite. De l’indulgence pour nous même, d’accueillir notre vulnérabilité et d’être doux avec ça. On peut faire une pause, on peut s’éviter, c’est beaucoup plus sain que l’on ne s’adresse pas la parole et lorsque l’on sentira qu’à l’intèrieur de nous, on est plus tranquille, on pourra discuter de ce qui s’est passé.
Il est important de dire ce n’est pas le moment. Le réel du parent ce n’est pas d’être parfait mais « d’être suffisamment bon » et de faire de son mieux. Il y a des jours où ça va glisser et d’autres moments, on aura pas envie de faire diversion. L’enfant veut être en relation et si on n’a pas assez d’attention pour lui ou si on ne lui dit pas : « je te vois mais je n’ai pas de temps à t’accorder de suite, on se voit après » et bien, il va chercher à rentrer en relation, coûte que coûte. Et s’il ne peut pas entrer en relation de façon cool et détendue, il va le faire de façon pénible. Les émotions sont là comme signal d’alerte de nos besoins.
L’enfant est là pour nous faire grandir. Un des éléments pour être un parent dans le réel, c’est être un parent qui observe. Pas un parent qui imagine et qui psychote. Un enfant peut nous dire qu’il va bien. Mais en l’observant, on constate qu’il prend un peu plus son doudou, il mange moins bien …
Afin de sortir de ce trop plein de paroles dont nous les adultes, nous avons tendance à être. Il faut expliquer un peu et observer beaucoup. Il faut être juste là en relation, posé tranquillement. Arrêter de vouloir tous savoir, d’être intrusif.
Le parent du réel pour qui cela marche bien, il est vraiment présent, à l’écoute et dans ses sensations. Et à ce moment là, l’enfant se sent soutenu, épaulé. Il sait qu’il peut venir sans rien dire. Exemple : un enfant qui vient se blottir contre nous, on ne sait pas pourquoi. Mais le mieux c’est de ne pas demander. Evitons de parler, accueillons ce qui se passe et après laissons raconter si il a quelque chose à dire. Les émotions de l’enfant ne peuvent s’exprimer que si nous on se tait et si on laisse de la place pour ça. On observe, on accueil et puis dans en temps on se confronte à nos propres émotions aux leurs et on va faire du trie.
Si on ne se tait pas, c’est comme si on donnait une émotion à l’autre qui ne lui appartient pas. Lorsque l’on est très présent dans son corps et que l’on écoute vraiment, on va pouvoir sentir. On va pouvoir sentir si cela sonne juste ou faux. Pas seulement une pensée rationnelle mais une pensée sensorielle, intuitive. On va faire attention à des petits détails. Être parent ce n’est pas trouver des solutions tout le temps. En tant que parent, on peut pas protéger son enfant tout le temps. Notre enfant va se déployer et va partir avec son sentiment de sécurité. Si on a suffisament installé ce sentiment de sécurité intèrieur en disant quoiqu’il en soit, on est toujours là. L’enfant va partir à l’école avec ce sentiment de sécurité. Il reviendra et il aura de la place pour nous raconter les choses. Et on pourra lui dire: « je vois que tu es triste, en colère…. » « qu’est-ce que tu vas faire ? » « plutôt que de dire, tu devrais faire… ». Et après lui proposer notre aide surtout sur le terrain émotionnel.
Soyons des parents dans le réel en écoutant, en accueillant, en observant au maximum. Et si à l’intérieur de nous, on est tranquille, tout va rouler.
Du moment qu’en tant que parent, on est serein, heureux, aligné, bien dans ses baskets. Notre enfant sera bien. Chacun de nous naissons avons un moteur : la joie. Ce n’est pas quelque chose d’intellectuel mais de l’ordre de l’énergie, de l’optimisme. C’est quelque chose qui s’entretient. Hors la joie est en face d’autres émotions, ils faut donc qu’elle soit forte. La vie va nous amener différents évènements difficiles mais que l’on va surmonter, souvent on a plus de ressources en nous que l’on imagine. Et lorsque l’on est sur activer cette joie, au quotidien, mettre un peu de légèreté parce qu’avec la question de la responsabilité, on risque parfois de devenir rabajoie. On va éteindre la joie en nous « je suis un parent responsable, on va arrêter de rigoler ». On a peur en mettant ce côté joyeux de perdre la fameuse autorité parentale mais cela n’est pas possible car nous avons plus d’expériences que nos enfants, plus de maturité. On peut-être responsable et joyeux. Et quand on amène de la légèreté, de la joie dans la maison, nos enfants se construisent en miroir avec nous. Cela va donner des enfants qui vont être plus optimistes, qui vont avoir plus de ressources en eux, qui voient le bon côté des choses, qui vont trouver des solutions, qui vont avoir de la ressource, meilleur confiance en soi, un côté innovant. C’est en cela que la joie est utile cela va donner des adultes épanouis et optimistes.
En tant que parent on a une responsabilité sur le mots qui sortent de notre bouche, sur ce que l’on raconte.
Eviter de colporter des rumeurs ou des inquiétudes d’une certaine façon,
Penser à vérifier avant de dire quelque chose. Le principe des 3 tamis : le vrai, le bon, l’utile.
Quand on fait attention à notre communication, à ce que l’on va transmettre, alors nos enfants en miroir vont se construire de la même façon.
Conférence du Sommet Vivre les émotions en famille, Parent en théorie et parent sur le terrain.
Pour aller plus loin:
Livre: « Parents joyeux enfants heureux » – Isabelle Pailleau